SUPERGRASS : In It For The Money (1997)
Il y a des albums qui vieillissent mieux que les autres. Si c’est un disque de variètoche à deux balles, soyez en sûr qu’il finira sa course aux bacs à soldes ! Mais même entre les bons disques, il y en a qui ont « une durée de vie » plus importante que d’autres. Pour Supergrass, leur meilleur album est définitivement « I should coco » mais celui qui a le plus de corps et de capacité à ne pas s’user est « In it For the maney » ! Pourquoi ? Parce qu’il est plus complet, plus réfléchi, plus mature, plus épais ! Il n’a certes pas la vivacité ni l’immédiateté communicative de son prédécesseur mais il comporte une foule d’atouts qui lui permet de figurer parmi les grandes réussites de cette année 1997. Il y a d’abord cette atmosphère très sixties et mod où l’on ressent l’influence des grands (les Who, les faces et autres Jam) avec cette pointe de psychédélisme si joviale et enivrante. A partir de cette trame, Supergrass va distiller des chansons fraîches, imparables d’efficacité et surtout bourrées d’insouciance (on s’en fout de demain !). Ainsi libéré de tout ce qui pourrait le nuire, Supergrass s’énerve, se lâche, se calme : bref fait ce qui lui plait ! Et pas de déchets ! Tous les morceaux ont leur mot à dire, leur dose de sincérité, de joie de vivre. Supergrass a su se remettre tout de suite en question pour ne pas se griller dans le piège qu’il s’était tendu. Le groupe s’est interdit la facilité et a ainsi gagner en consistance. « In It for the Money » révèle toute sa beauté, sa fougue après plusieurs écoutes : on est d’abord un peu déçu de ne pas retrouver le son de « I should coco » mais au bout du compte, on s’aperçoit que Gaz Combes & cie a bien de changer de fusil d’épaule car leurs chansons sont plus riches et en fin de compte plus jouissives ! Ce disque laisse transparaître plus d’émotion, de rêve, de folie qu’auparavant : n’est-ce pas la vraie finalité de la musique ?