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Archive for juin 2020

La Femme : Mystère (2016)

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Ah, ces années 2010 ! Elles furent synonymes pour moi d’approfondissement plutôt que de découverte au niveau musical. N’y voyez pas quelqu’un de blasé ou qui est passé à autre chose. J’achète encore mon quintal de disques réglementaire par an. Je pourrais dire que c’est à cause de la « dérèglementation » des canaux de diffusion et de promotion, du  côté produit des disques (qui n’en sont pas !), du sprint plutôt que le marathon dans la gestion de carrière des artistes ou du découpage en chapelle des genres alors que non ! Je trouve justement que ce nouvel ordre est propice à chercher sur les réseaux/plateformes/disquaires de nouveaux artistes/courants et un retour en arrière (c’est à nous de venir à la musique et plus l’inverse). Non, la raison de ma capitalisation discographique au cours de ces dernières années vient du fait que je trouve les artistes de moins en moins authentiques, sincères. Dans la musique, j’accorde autant d’importance à la personnalité des musiciens qu’à leurs compositions. Peut-être que l’aseptisation de la société y est pour quelquechose ; on ne peut plus rire de tout, on ne peut plus rien dire, on renie notre passé : difficile de rester soi-même sans faire des concessions ! C’est ce désabusement qui règne sur le deuxième opus des français de La Femme. Après un premier effort qui avait redéfini les tables de la loi du rock français (si, elles existent, et le rock français aussi), le groupe de Biarritz était attendu au tournant pour le toujours difficile deuxième  album  (avec le temps, on ne dit plus album mais chanson J ). Mystère reprend en gros les mêmes recettes de Pyscho tropical Berlin (un mélange d’électro pop, de psyche, de cold wave, de yéyé)  mais avec la maturité  en plus. Plus Posé et moins virevoltant, Mystère est moins accessible et ne distillera ses bonnes vibes qu’au bout de quelques écoutes. Mais c’est avec ses textes que celui-ci sort véritablement du lot. Ceux-ci sont le témoignage de notre jeunesse, entre désillusions, carpe diem, soif d’amour et mélange des genres. Ajoutez à cela des arrangements soignés et vous obtiendrez 75mn de pop française insaisissable. Bref La Femme a tout pour me réconcilier avec la musique actuelle. Pas  moins que ça!

Alice Cooper : Billion Dollar Babies (1973)

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Est-ce uniquement moi ou d’autres ont-ils déjà été tristes de racheter un disque à un individu ? Quand j’ai la chance d’acquérir une pièce d’occasion, j’enlève un peu de la raison d’être à celui qui l’avait choyé avant moi. Je suis toujours peiné qu’une personne puisse se séparer de la bande son de sa vie. Je me dis que cette personne n’a pas su/pu transmettre sa culture musicale. C’est sûr qu’il vaut qu’elle profite à quelqu’un d’autre plus que de moisir. Mais dans un monde où tout fout le camp, que restera-t-il de nos héros ? Il me semble important de clamer haut et fort que nos disques sont ce que nous sommes. C’est notre devoir de partager ce que nous savons, de faire comprendre qu’un message d’un disque, quelque soit sa génération, a son apport en émotions ! Et lorsqu’il est cousu d’or, il aura toujours sa résonnance ! Lorsque je mets un 33 tours d’Alice Cooper dans les oreilles, je me demande comment la personne avant moi a pu l’abandonner ! Cette musique est tout simplement incontournable, séminale. Mégastar dans les années 70, Vincent Furnier ( de son vrai prénom) va à lui seul créer un courant musical qui fera beaucoup d’émules : le hard rock théâtral ! Comprendre une musique musclée efficace mais surtout  un goût de la mise en scène inédit jusqu’alors avec travestissement, maquillage et épouvante. Tout pour plaire aux parents ! Lorsqu’on est ado dans les seventies, écouter du Alice Cooper est le meilleur de se rebeller, de s’évader, de mettre des mots à sa frustration, à ses peurs. Plus pervers tu meurs ! Avec Billion Dollar Babies, il insuffle de la pop pour rendre sa meilleure copie (et sa meilleure vente) . Plus accessible que jamais, ce disque regorge d’hymnes remplis de riffs assassins (« Hello Hooray », « No more Mr nice guy », « Elected », «  Billion Dollar Babies ») qui vous feront secouer la tête ! Ajoutez des morceaux dans la veine cooperienne ( le très rock «  rapped and Freezin’ », l’expérimental «  Unfinished sweet » , le bucolique «  generation Landslide ») et vous obtiendrez un opus à s’écouter à l’infini, véritable témoignage d’une époque certes révolue mais qui a encore tout son sens aujourd’hui.  Cooper  clôturera l’album sur des morceaux, plus macabres et répugnants ( «  Sick things » et  « I love the dead ») qui dénotent du reste mais qui font partie du personnage ( la décadence incarnée !) . Si vous avez ce genre de disques chez vous , partagez le plutôt que de le revendre : c’est le libre arbitre de notre société qui est au bout du sillon.

Catégories :mes disques 70-74